Mais en fait c’est quoi le yoga ?
Le yoga fait partie des recommandations de la HAS (Haute Autorité de Santé) dans les options thérapeutiques non médicamenteuses pour l’endométriose. Cet article est là pour rappeler et bien comprendre l’histoire de cette pratique.
Le mot yoga vient de la racine sanskrit “yug”, langue ancienne de l’Inde, qui signifie “jonction” mais aussi “joug”. Cette dualité résume le sens premier de cette philosophie indienne qui veut maîtriser et rassembler pour se libérer de ses pulsions et retrouver l’harmonie entre le corps et l’esprit.
Une pratique ancestrale
L’origine
L'histoire du yoga remonte à des millénaires avant notre ère. Elle débuterait avec la civilisation de la vallée de l'Indus, près de 2 500 avant J.-C, où des artefacts suggèrent déjà des pratiques ressemblant au yoga.
D’abord transmise à l’oral à travers les Vedas (“connaissance” en sanskrit), ils ont ensuite été mis à l’écrit entre 1500 à 500 av. J-C devenant des écritures sacrées de l’hindouisme.
Le texte fondateur
Les Yoga Sūtra de Patanjali sont considérés comme le texte fondateur du yoga. Il s’agit d’un recueil de 195 sutras, ou aphorismes, qui ont été compilés entre 200 et 500 av JC. Ces sutras sont des sortes d’aide-mémoire, destinées à être apprises par cœur et expliquées par le maître.
Cette forme du yoga est souvent appelée “yoga à huit membres”, d’après le mot sanskrit “anga”. Ces membres sont définis comme suit :
- Yama : conduites éthiques (non-violence, vérité, abstention de voler, etc)
- Niyama : disciplines personnelles (pureté, consentement, austérité, etc)
- Asana : posture (pratique physique)
- Pranayama : contrôle du souffle (maîtrise de la respiration)
- Pratyahara : retrait des sens (détachement des stimuli sensoriels)
- Dharana : concentration (concentrer l’esprit sur un seul point)
- Dhyana : méditation (concentration ininterrompue)
- Samadhi : absorption ou super-conscience (état d’union avec le divin)
Chaque membre doit être maîtrisé avant de pouvoir pratiquer le suivant. Ils forment un chemin progressif vers l'illumination spirituelle. Ainsi, le Yama et le Niyama étaient des prérequis avant de commencer la pratique physique du yoga.
Une pratique vivante qui se diversifie
Au fil des siècles, le yoga a continué à se développer et à donner naissance à de nouvelles formes.
Par exemple, le yoga tantrique qui vise à l’expansion de la conscience et à la libération de l’énergie se développe entre le 2e et le 15e siècle. Il intègre au “yoga à huit membres” d’autres doctrines et techniques mystiques comme l’astrologie, l’ayurveda, ou la gemmologie. Il met l’accent sur l’harmonisation entre l’énergie féminine (Shakti) et l’énergie masculine (Shiva).
Plus tard, le Hatha (“force” en sanskrit) Yoga apparaît au 15ème siècle. Le texte fondateur de cette pratique est le Hatha Yoga Pradipika. Elle met l’accent sur les postures (asanas), le contrôle du souffle (pranayama) et la purification du corps et de l’esprit.
La forme de yoga connue en Occident
Arrivée du yoga aux Etats-Unis
Aujourd'hui, le yoga que l’on connaît en occident a vu le jour à Chicago aux Etats-Unis au 19ème siècle. Notamment, grâce au moine hindou Swami Vivekananda qui a présenté le yoga lors du Parlement des religions en 1893. Il publie trois ans plus tard le livre Raja Yoga, son interprétation pour les occidentaux des textes d'origine.
Au début du XXe siècle, des maîtres de yoga indiens ont commencé à voyager en Occident pour faire connaître leur discipline. Dans les années 1960-1970, le yoga s’est d’abord popularisé en Occident comme une pratique spirituelle. Par exemple,Swami Satchitananda a présenté le yoga au festival de Woodstock en 1969. Ou encore Maharishi Mahesh Yogi, professeur de yoga des Beatles, a participé à sa popularisation en Occident. Cependant, à partir des années 1980-1990, une pratique du yoga posturale, presque dénuée de dimension spirituelle, a commencé à s’imposer en Occident.
Depuis, le yoga est mondialement connu et l'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé, le 11 décembre 2014, le 21 juin Journée internationale du yoga et il est inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2016).
Les pratiques actuelles
D’après Ysé Tardan-Masquelier, historienne et anthropologue des religions, dans le podcast sans oser le demander de france culture, “les formes de yoga que nous pratiquons aujourd'hui sont des formes métisses” qui se sont adaptées à ce que les occidentaux cherchaient. Contrairement au yoga ancien qui visait plutôt à amoindrir le moi et l’auto centrisme, notre pratique actuelle se centre sur le bien-être et le fait de prendre soin de son corps.
Par exemple, une des postures les plus connues, le chien tête en bas n’arrive en fait qu’au 18 ème siècle.
Aujourd'hui, en France, on pratique surtout le Hatha Yoga, la forme la plus connue et pratiquée en Occident. Mais aussi, le Vinyasa Yoga qui est une forme de yoga dynamique chorégraphié en “flow”. Les yogas doux comme le Yin Yoga, plus méditatifs avec un maintien des postures et un travail sur la respiration, ont aussi beaucoup de succès.
D’après une enquête menée par le Syndicat National des Professeurs de Yoga (SNPY) en 2020, le nombre de pratiquants de yoga en France a plus que triplé au cours des dix dernières années et serait de 10,7 millions soit 1 français sur 5 dont 7,9 millions à pratiquer de façon régulière.
Mais alors sport ou religion ?
Le yoga est souvent perçu comme une forme de sport ou une pratique religieuse. Cependant, il ne s’inscrit pas vraiment dans l’une ou l’autre de ces catégories. Le yoga est avant tout une philosophie de vie.
Bien que le yoga ne soit pas reconnu comme un sport au sens traditionnel du terme (il n’est pas une discipline olympique par exemple), il existe néanmoins des compétitions basées sur les postures, notamment en Inde ou aux Etats-Unis mais aussi en France, à l’instar de la gymnastique.
Le yoga est étroitement lié à la spiritualité et à la religion hindoue. L’hindouisme, qui est la religion la plus pratiquée en Inde aujourd’hui, est caractérisé par une manière de vivre marquée par des rites précis. Comme le dit Ysé Tardan-Masquelier, historienne et anthropologue des religions, “L’hindouisme est la matrice culturelle du yoga”.
Enfin, le yoga peut également avoir une dimension politique. Il peut être considéré comme un outil de soft power utilisé pour défendre le nationalisme hindou.